Un projet de la Banque africaine de développement rétablit l’électricité dans des communautés zimbabwéennes après le passage dévastateur du cyclone Idai

Le projet de rétablissement d’urgence post-cyclone Idai, financé par la Banque africaine de développement (BAD), a permis de restaurer l’accès à l’électricité et de revitaliser les activités économiques dans plusieurs communautés du Zimbabwe.

En mars 2019, le cyclone Idai a frappé avec une violence sans précédent les districts de l’Est du Zimbabwe, laissant derrière lui un sillage de destructions. Les régions de Chimanimani et de Chipinge ont été parmi les plus touchées : en quelques heures, l’électricité, les routes et les systèmes d’approvisionnement en eau — essentiels à la vie moderne — ont été anéantis.

La ligne électrique de 155 kilomètres reliant Middle Sabi à Charter, qui constituait la colonne vertébrale de l’alimentation énergétique de la province du Manicaland, s’est effondrée, plongeant plus de 300 000 personnes dans le noir. Pendant plus de deux mois, les industries ont été paralysées, les hôpitaux ont fonctionné sans alimentation fiable pour les équipements vitaux, et les laboratoires informatiques des écoles sont restés fermés.

« Le cyclone a quasiment mis nos opérations à l’arrêt », se souvient Witness Teteni, chef d’équipe technique à Charter Sawmills, une scierie qui emploie 320 personnes. « Nous avons connu de nombreuses pannes électriques qui ont fortement perturbé notre travail. Nous avons dû compter sur des générateurs, coûteux à faire fonctionner et néfastes pour l’environnement. »

La Banque africaine de développement est intervenue avec un financement de 24,7 millions de dollars dans le cadre du Post-Cyclone Idai Emergency Recovery Project (PCIREP), mis en œuvre par le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), en partenariat avec le gouvernement du Zimbabwe.

L’objectif n’était pas seulement de restaurer ce qui avait été perdu, mais de reconstruire en mieux, plus solide et plus résilient.

Un phare de lumière et d’espoir

La composante électrique du PCIREP, représentant un investissement stratégique de 3,7 millions de dollars, a porté sur le renforcement de 155 kilomètres de lignes aériennes 33 kV et la construction d’une nouvelle ligne de distribution 33 kV de 12 kilomètres à Chipinge, afin de séparer les réseaux des deux districts.

Les travaux ont également consisté à remplacer les poteaux en bois par des poteaux en acier, grâce à des techniques d’installation permettant de mieux résister aux conditions météorologiques extrêmes. Le projet a également permis de fournir des équipements essentiels — véhicules et outils — à la Zimbabwe Electricity Distribution Company (ZETDC), l’entreprise publique de distribution d’électricité.

Le projet appuyé par la Banque africaine de développement a permis de rétablir l’électricité pour plus de 300 000 personnes. « Nous avons considérablement réduit le nombre de pannes dans le système », explique l’ingénieure Selina Mudzinganyama, qui a supervisé la réhabilitation. « Les coûts de maintenance ont également diminué grâce à une conception plus résistante aux conditions difficiles. Les cliniques, les écoles et les foyers bénéficient désormais d’une alimentation fiable, et les entreprises peuvent fonctionner sans interruptions constantes. »

Dans le même esprit, Andreas Moyo, ingénieur du développement pour la région Est de la ZETDC, souligne : « Nous n’avons plus que des pannes normales. La sécurité, surtout sur les lignes renforcées, s’est beaucoup améliorée. Aujourd’hui, une panne mineure est réglée en une heure, alors qu’avant, cela pouvait durer beaucoup plus longtemps. »

Les interventions sur les infrastructures électriques dans le cadre de ce projet illustrent l’articulation essentielle entre le relèvement post-catastrophe et le développement durable.

Des transformations concrètes pour les communautés

Dans les établissements de santé de Chimanimani, l’impact est considérable. L’infirmière clinicienne Patricia Chikandi décrit la transformation : « Une électricité fiable a changé la donne pour nous. En cas d’urgence, nous ne redoutons plus les coupures de courant, et nos vaccins sont désormais conservés en toute sécurité dans des réfrigérateurs à température contrôlée. La qualité des soins s’est nettement améliorée. »

Farai Ndlovu, élève au lycée de Chipinge, témoigne : « Avec le retour de l’électricité, nous pouvons utiliser les ordinateurs du laboratoire et étudier après la tombée de la nuit. Cela nous aide à mieux préparer nos examens et à acquérir des compétences auxquelles nous n’aurions pas eu accès autrement. »

Pour les agriculteurs, les retombées économiques sont immédiates. « Avant le rétablissement de la ligne, nos systèmes d’irrigation étaient peu fiables, et nous perdions souvent nos récoltes », explique la petite exploitante Tsitsi Mutswairo. « Désormais, avec une alimentation stable, nos rendements se sont fortement améliorés, et nos revenus ont augmenté. »

Même constat chez Leonard Nyamukondiwa, un transformateur agroalimentaire de Chipinge : « Avant la réhabilitation, nous n’arrivions pas à atteindre nos objectifs de production en raison des coupures fréquentes. Aujourd’hui, nous pouvons traiter davantage de produits et nos bénéfices ont augmenté. »

L’électricité, levier de l’entrepreneuriat

Nulle part l’impact du projet n’est plus visible que dans l’atelier de Jacob Mukunukuji, au village de Marimauta.

Avant la restauration de la ligne, son entreprise était lourdement pénalisée par le coût élevé du carburant pour les générateurs diesel. Aujourd’hui, avec l’accès à une alimentation industrielle triphasée fiable, son petit atelier est devenu un centre de formation professionnelle, où il accueille des apprentis venus des centres de formation locaux, créant ainsi une dynamique de développement dans toute la communauté.

« L’électricité est essentielle, car elle me permet de fabriquer ce que je veux », explique Jacob en montrant ses réalisations : scies circulaires, moulins à grains, équipements de transformation du maïs destinés aux agriculteurs de la région.

Il désigne Paul, qu’il a formé et qui travaille désormais comme soudeur dans son atelier. « Il fait partie de la quatrième promotion que je forme. L’un de mes premiers apprentis, Danmore Majuta, a monté son propre atelier de travail du cuivre à Rusitu. Une autre apprentie fabrique des cadres de fenêtres et des matériaux de construction pour les habitations locales. »

Un modèle de développement durable

Aujourd’hui, la lumière brille à Chimanimani et Chipinge. Ancien de la communauté et agriculteur, Jeremiah Mutasa souligne la transformation : « Les lignes électriques ont ramené l’espoir dans notre région. Nous avons de l’électricité pour nos maisons, nos exploitations agricoles et nos écoles. Ce n’est pas qu’une simple question d’énergie : c’est la lumière qui fait vivre notre communauté. »

Le projet, qui s’inscrit dans la Stratégie nationale de développement (NDS1) du Zimbabwe, montre comment des investissements ciblés dans les infrastructures peuvent transformer des régions entières.

Comme le résume Seaga Molepo, ingénieur électricien à la Banque africaine de développement : « Les interventions sur les infrastructures électriques de ce projet illustrent parfaitement l’articulation essentielle entre le relèvement post-catastrophe et le développement durable. La collaboration réussie entre la Banque, le gouvernement du Zimbabwe et l’UNOPS démontre que lorsque nous alignons nos efforts sur des priorités stratégiques claires — notamment ‘Éclairer et alimenter l’Afrique’ —, nous obtenons des résultats transformateurs qui améliorent la qualité de vie des populations. »

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