Métaux critiques : l’Afrique, nouvel horizon pour les investissements qataris

Avec environ un tiers des réserves mondiales de minéraux essentiels, le sous-sol africain est un enjeu majeur pour de nombreux pays. Après l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, c’est au tour du Qatar d’afficher ses ambitions sur le continent.

En août 2025, le cheikh Al Mansour Bin Jabor Bin Jassim Al Thani a dévoilé un vaste plan d’investissement de 100 milliards de dollars en Afrique, à travers son fonds Al Mansour Holding. Ce plan inclut des partenariats dans plusieurs secteurs clés, notamment les mines, pour permettre à Doha de diversifier son économie et de s’affirmer dans la compétition mondiale pour les ressources critiques.

Lors de sa tournée, le cheikh a annoncé des investissements massifs : 19 milliards de dollars en Zambie, 12 milliards au Botswana, 20 milliards au Mozambique, 21 milliards en RDC et 19 milliards au Zimbabwe. Bien que les détails et les échéances de ces investissements restent flous, ils concernent l’agriculture, le tourisme, les infrastructures, l’énergie et, de manière implicite, le secteur minier.

Cette orientation stratégique a été confirmée par un investissement récent. Le 17 septembre, l’autorité d’investissement du Qatar (QIA) a annoncé un investissement de 500 millions de dollars dans la compagnie minière Ivanhoe Mines. Cette société exploite de grandes mines en République démocratique du Congo (RDC), notamment la plus grande mine de cuivre du pays, Kamoa-Kakula, ainsi que la mine de zinc Kipushi. Ivanhoe est également impliquée dans le projet sud-africain de métaux du groupe platine Platreef. Une fois la transaction achevée, la QIA détiendra environ 4% d’Ivanhoe et cherchera de nouvelles opportunités de collaboration.

L’intérêt du Qatar s’étend au-delà de la RDC. Ivanhoe détient aussi des gisements de cuivre en Angola et en Zambie. Selon Mohammed Saif Al-Sowaidi, le patron de la QIA, cet investissement vise à soutenir Ivanhoe dans la sécurisation des minéraux cruciaux pour la transition énergétique mondiale. Le Qatar souhaite ainsi se positionner comme un acteur de premier plan, à l’instar de ses voisins du Golfe.

Avant l’entrée du Qatar en RDC, d’autres acteurs du Golfe avaient déjà fait de grands pas en Afrique. En juin 2025, International Resources Holding (IRH) d’Abu Dhabi a signé un accord pour la mine d’étain de RDC, après avoir acquis 51% des actifs de cuivre de Mopani en Zambie pour plus d’un milliard de dollars en 2024.

Une stratégie de diversification économique

La tournée du cheikh Al Mansour a ciblé des pays riches en minéraux. Outre le cuivre, la RDC et la Zambie possèdent d’importantes réserves de cobalt. Le Botswana est un producteur de diamants et développe son industrie du cuivre. Le Mozambique est un grand producteur de graphite, tandis que le Zimbabwe est un leader du lithium sur le continent. Ces minéraux sont essentiels pour la fabrication de batteries, de véhicules électriques et les technologies d’énergies renouvelables.

L’intérêt du Qatar pour ces ressources ne date pas de l’accord avec Ivanhoe. En août 2024, la QIA avait déjà investi 180 millions de dollars dans TechMet, une société qui possède des actifs d’étain, de tungstène et de tantale au Rwanda.

Ces investissements s’inscrivent dans la Stratégie nationale de développement du Qatar 2024-2030, qui vise une croissance annuelle de 4% hors du secteur des hydrocarbures, confirmant ainsi la volonté du pays de diversifier son économie.

Des promesses d’investissement à concrétiser

Historiquement, l’exploitation des ressources africaines a souvent été critiquée pour ne pas profiter aux pays hôtes. Récemment, les gouvernements africains exigent de plus en plus la transformation locale des minerais et la participation des entreprises nationales aux projets.

Ces exigences sont des facteurs que le Qatar, comme les autres investisseurs, ne pourra ignorer. Pour se positionner comme une alternative crédible à la Chine, acteur majeur sur le continent, le Qatar devra prouver sa capacité à créer de la valeur ajoutée locale, au-delà des annonces spectaculaires. La réussite de son offensive en Afrique dépendra de sa capacité à transformer ces promesses en partenariats mutuellement bénéfiques.

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