Greenpeace demande aux grandes compagnies pétrolières de se tenir à l’écart de la bombe à carbone du Congo

Kinshasa, 19 juillet 2022 – Greenpeace met en garde les plus grandes compagnies pétrolières et gazières du monde quant à leur participation à une importante vente aux enchères de pétrole et de gaz en République démocratique du Congo (RDC) prévue à la fin du mois de juillet. Dans des lettres envoyées aux compagnies pétrolières de part et d’autre dans le monde, Greenpeace met l’alerte au rouge contre cette vente aux enchères de mauvaise augure, qui pourrait avoir lieu, au détriment de la biodiversité et du climat mondial. Cette vente aux enchères massive – à laquelle les communautés locales s’opposent farouchement – chevauche des tourbières et plusieurs zones protégées.

Hier, le ministre du pétrole de la RDC, Didier Budimbu, a annoncé que la vente aux enchères portait sur 27 champs pétroliers et trois champs gaziers, dépassant ainsi la décision prise par le gouvernement en avril, potentiellement sans mandat légal. Le plan d’avril englobait une zone de plus de 240 000 km² – une zone environ 300 fois plus grande que Nairobi. Cette décision est intervenue cinq mois seulement après la signature d’un accord de 500 millions de dollars lors de la COP26 pour aider à protéger les forêts de la RDC avec l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (CAFI).

“Cette vente aux enchères ne se contente pas de tourner en dérision l’image de la RDC en tant que solution à la crise climatique, elle expose les Congolais à la corruption, à la violence et à la pauvreté qui accompagnent inévitablement la malédiction du pétrole, ainsi qu’à davantage de vagues de chaleur et à moins de pluie pour tous les Africains,”  déclare Irène Wabiwa, chef de projet international pour la campagne sur les forêts du Bassin du Congo à Greenpeace Afrique. 

Lors d’une visite sur le terrain la semaine dernière dans quatre des blocs pétroliers désignés, les responsables de la campagne forestière de Greenpeace Afrique ont recueilli les témoignages des communautés locales qui étaient toutes choquées par la  possible vente aux enchères de leurs terres aux compagnies pétrolières. Certaines communautés, telles que celles vivant autour du parc national d’Upemba, considèrent l’exploration pétrolière à venir  comme une menace directe pour le lac dont elles dépendent depuis des générations et prévoient d’y résister.

Dans une lettre envoyée aux compagnies pétrolières et gazières d’Afrique, d’Europe et des États-Unis, Greenpeace met en garde contre les blocs pétroliers qui chevauchent les tourbières riches en carbone. Dans un article récent, le professeur Simon Lewis de l’université de Leeds relevait que quatre blocs chevauchant des tourbières stockent 5,8 milliards de tonnes de carbone, soit l’équivalent de plus de 15 % des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie en 2021. Selon l’Agence internationale de l’énergie, tout nouveau projet de combustible fossile aujourd’hui compromettrait l’atteinte d’émissions nettes nulles d’ici à 2050 et cette vente aux enchères serait particulièrement toxique. 

“La communauté internationale et le gouvernement congolais doivent mettre fin à la ruée néocoloniale vers les combustibles fossiles africains en limitant l’accès des compagnies pétrolières à la RDC, et s’atteler plutôt à mettre fin à la pauvreté énergétique en soutenant le développement des énergies renouvelables propres et décentralisées”, a ajouté Irène Wabiwa.

Contrairement aux affirmations répétées du ministre Budimbu selon lesquelles aucun des blocs pétroliers et gaziers à mettre aux enchères ne se trouve dans des zones protégées, les cartes officielles montrent que neuf d’entre eux le sont. Le ministre a reconnu son erreur de communication le 13 juin dernier. Suite à l’augmentation des enchères, le nombre actualisé de blocs chevauchant des zones protégées pourrait s’élever à 12. 

Vue aérienne du village de Lac Paku dans la forêt de tourbières près de Mbandaka, République démocratique du Congo. Greenpeace documente la recherche au sol des données satellitaires sur les vastes zones de tourbières récemment découvertes par les scientifiques dans les marécages de la forêt tropicale du Bassin du Congo, ainsi que les communautés affectées et l’environnement naturel. On estime que la région tropicale la plus riche en carbone au monde stocke l’équivalent de trois années de la totalité des combustibles fossiles mondiaux.

On ne sait toujours pas quelles compagnies pétrolières ont l’intention de participer à la vente aux enchères. Grâce à une pétition lancée par Greenpeace avec des partenaires locaux et internationaux, près de 100 000 personnes appellent le président congolais Felix Tshisekedi à ne pas sacrifier la forêt tropicale à l’industrie pétrolière.

Cette vente aux enchères a lieu au milieu d’une nouvelle ruée mondiale vers les réserves africaines de combustibles fossiles, du gaz d’Afrique de l’Ouest au pétrole d’Afrique de l’Est, en passant par l’importation de charbon sud-africain. 

Greenpeace Afrique appelle les gouvernements du continent à faire passer l’intérêt de leur population avant la cupidité des nations riches et de leurs multinationales en accélérant les investissements dans les énergies renouvelables, propres et décentralisées. Elle exhorte également toutes les compagnies pétrolières et gazières à s’abstenir de participer à la ruée néocoloniale vers les combustibles fossiles africains.

FIN

Contacts :

Tal Harris, coordinatrice des communications internationales, +221-785366270, tal.harris@greenpeace.org

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