
Le nouveau ministre gabonais du Pétrole et du Gaz, S.E. Sosthène NGUEMA NGUEMA, a lancé une campagne d’investissement ambitieuse visant à attirer des capitaux dans l’exploration en eaux profondes
Le nouveau ministre du Pétrole et du Gaz du Gabon, S.E. Sosthène NGUEMA NGUEMA, oriente désormais sa stratégie vers l’exploration pétrolière et gazière en eaux profondes, dans le cadre d’efforts visant à lancer de nouveaux projets et à atténuer la baisse de la production en Afrique centrale et de l’Ouest. Alors que 72 % du basin sédimentaire du pays restent inexplorée et que seulement 28 % ont été développées à ce jour, le pays prévoit de réviser sa législation pétrolière pour introduire de nouveaux incitatifs à l’investissement et à l’exploration en eaux profondes.

En tant que porte-voix du secteur énergétique africain, la Chambre africaine de l’énergie (AEC) salue la stratégie d’investissement ambitieuse mise en œuvre par le ministère du Pétrole. Ces derniers mois, nous avons observé un gouvernement gabonais plus affirmé, notamment à travers sa compagnie pétrolière nationale Gabon Oil, qui a renforcé son rôle dans la gestion et la commercialisation d’actifs existants, comme en témoigne la reprise d’Assala, anciennement détenue par Carlyle. L’orientation vers l’exploration en eaux profondes ouvre désormais de nouvelles perspectives pour les opérateurs étrangers.
L’AEC estime que les réformes réglementaires en cours, l’accent mis sur les investissements en eaux profondes et la coopération accrue avec les compagnies pétrolières internationales (IOC) transformeront l’industrie pétrolière et gazière du Gabon, soutiendront une augmentation de la production et permettront de développer un nouveau hub régional pour la distribution de produits raffinés en Afrique centrale. Nous pensons que le Gabon a le potentiel d’atteindre une production proche d’un million de barils par jour.
» L’exploration et la production en eaux profondes pourraient transformer l’économie gabonaise «
Avec plus de deux milliards de barils de réserves prouvées de pétrole et un important potentiel gazier, le Gabon vise à maintenir sa production au-dessus de 220 000 barils par jour (b/j) à court et moyen terme. Le virage vers l’exploration en eaux profondes jouera un rôle essentiel dans la réalisation de cet objectif en permettant de nouvelles découvertes à moyen et long terme dans les bassins offshore du pays. La réforme réglementaire est au cœur de cette stratégie d’exploration, avec des améliorations prévues du code pétrolier visant à renforcer la compétitivité des blocs en eaux profondes du Gabon.
En 2019, le pays avait adopté un nouveau Code des hydrocarbures, comprenant des modifications des contrats de partage de production (CPP), de la rentabilité de l’État et de la fiscalité, offrant ainsi une voie plus rapide vers la rentabilité pour les opérateurs étrangers. Le nouveau gouvernement souhaite aller encore plus loin, conscient de la concurrence accrue d’autres destinations offshore dans le monde. De futures révisions de ce code devraient stimuler l’investissement, encourager l’exploration en eaux profondes et attirer de nouveaux opérateurs internationaux.
Plusieurs acteurs majeurs sont déjà actifs au Gabon, et les projets en cours témoignent du potentiel de ses blocs offshore. L’entreprise d’exploration et de production BW Energy a, par exemple, signé en 2024 des contrats de partage de production pour les blocs d’exploration Niosi Marin et Guduma Marin, couvrant une période de huit ans avec une option de prolongation de deux ans. BW Energy et son partenaire VAALCO Energy se sont engagés à forer un puits et à lancer une campagne d’acquisition sismique 3D. BW Energy détient également des parts dans la licence Dussafu, qui comprend 14 puits producteurs raccordés à un FPSO via un pipeline de 20 km. Parmi les partenaires de la licence figurent la société publique Gabon Oil Company (GOC) et Panoro Energy.
La compagnie indépendante Perenco a foré le puits de découverte Hylia South West début 2024, révélant d’importantes colonnes pétrolifères dans le réservoir Ntchengue Océan. Quant à la société chinoise CNOOC, elle a lancé des forages d’exploration sur les blocs BC-9 et BCD-10 début 2023, sur la base d’un potentiel de ressources récupérables estimé à 1,4 milliard de barils, avec de futures découvertes susceptibles de doubler la production pétrolière du Gabon tout en réduisant les risques liés à l’exploration en eaux profondes. Malgré ces avancées, une grande partie du potentiel en eaux profondes du Gabon reste encore inexplorée, offrant une opportunité stratégique pour les opérateurs actifs et potentiels.
L’augmentation de la production d’hydrocarbures, combinée à de futures découvertes en eaux profondes, devrait soutenir les ambitions du Gabon de devenir un hub pétrolier régional. Stratégiquement situé sur la côte ouest de l’Afrique centrale, le Gabon progresse vers le renforcement de ses capacités de raffinage, de stockage et de distribution de produits pétroliers. Plusieurs projets d’infrastructure témoignent de cette volonté. Notamment, Perenco mène le développement du terminal de GNL de Cap Lopez, avec une première production prévue pour 2026. Situé sur le site du terminal pétrolier existant, ce projet de 2 milliards de dollars comprendra un FLNG (unité flottante de liquéfaction) destiné à valoriser les réserves gazières offshore et à réduire le torchage.
Le navire FLNG aura une capacité de production de 700 000 tonnes de GNL et 25 000 tonnes de GPL, avec une capacité de stockage de 137 000 mètres cubes. Ce projet vient compléter l’installation de GPL de Batanga, mise en service en décembre 2023, avec une capacité de production cible de 15 000 tonnes de GPL par an. Au-delà du GNL et du GPL, le Gabon prévoit aussi d’augmenter ses capacités de raffinage, avec l’extension de sa seule raffinerie opérationnelle – SOGARA – dont la capacité passerait de 1,2 à 1,5 million de tonnes de brut. Cette expansion permettrait au pays d’atteindre l’autosuffisance en produits pétroliers raffinés d’ici 2030.
Le ministre et son équipe ont également donné la priorité à l’augmentation des capacités de stockage de produits raffinés dans le pays, visant à passer de 60 à 90 jours de consommation nationale, dans un souci de renforcer la sécurité énergétique et de mettre fin aux pénuries.
« L’exploration et la production en eaux profondes pourraient transformer l’économie gabonaise, avec des découvertes potentielles soutenant le développement d’un nouveau hub pétrolier en Afrique centrale. Grâce à sa campagne d’investissement ambitieuse, à sa volonté de réforme réglementaire et à son engagement avec les compagnies pétrolières internationales, le ministère du Pétrole renforce l’attractivité du Gabon pour les investisseurs étrangers », déclare Verner Ayukegba, vice-président exécutif de l’AEC.