
Le déficit budgétaire s’est amélioré en 2024, passant de 6,5 % à 5,6 % du PIB, grâce à une meilleure maîtrise des dépenses publiques et à une mobilisation accrue des recettes.
Selon le Point économique sur le Burkina Faso publié par la Banque mondiale en avril 2025, l’économie du pays a enregistré une croissance de 4,9 % en 2024, contre 3,0 % en 2023. La croissance du PIB réel par habitant est également passée de 0,7 % à 2,5 % sur la même période.
Cette accélération est principalement attribuée à la bonne performance des secteurs des services et de l’agriculture, soutenue par une amélioration de la situation sécuritaire, des conditions climatiques favorables et un appui accru du gouvernement au secteur agricole.
Cependant, l’inflation a augmenté en 2024 à 4,2 %, contre 0,7 % en 2023, en raison d’une flambée des prix des denrées alimentaires, liée à des spéculations sur les marchés dues à un début tardif de la saison des pluies. Malgré cela, la forte croissance dans l’agriculture et les services a permis de réduire le taux d’extrême pauvreté de 3 points, à 23,2 %, avec un recul plus marqué en zone rurale. Toutefois, le nombre absolu de personnes vivant dans la pauvreté reste élevé, dépassant 5,5 millions.
Le rapport relève également une baisse des déficits jumeaux (budgétaire et du compte courant) en 2024. Le déficit budgétaire s’est amélioré de 6,5 % à 5,6 % du PIB, grâce à une meilleure maîtrise des dépenses publiques et une augmentation des recettes. Parallèlement, le déficit du compte courant s’est réduit de 8,0 % du PIB en 2023 à 6,4 % en 2024, grâce à la hausse des prix de l’or qui a dopé la valeur des exportations. Toutefois, le financement de ce déficit a largement reposé sur les marchés régionaux, dans un contexte de taux d’intérêt élevés.
Le rapport souligne que les perspectives à court et moyen terme demeurent positives, mais restent soumis à de multiples risques, notamment l’insécurité, les aléas climatiques, le refinancement de la dette, et les défis du secteur financier. À condition que ces risques s’atténuent, la croissance pourrait atteindre 5 % à moyen terme, portée par la vigueur des services, une reprise attendue de l’industrie — notamment grâce à un meilleur accès à l’énergie — et des conditions climatiques moyennes favorables à l’agriculture.
L’inflation devrait quant à elle se stabiliser progressivement dans la fourchette cible de l’UEMOA. Ces perspectives, combinées à la poursuite de la consolidation budgétaire, devraient permettre une réduction continue mais modérée de la pauvreté, estimée à environ un point de pourcentage par an.
Concernant la gestion économique, Daniel Pajank et Ibrahim Nana, coauteurs du rapport, appellent à « renforcer la mobilisation et l’efficacité des ressources publiques, notamment par la modernisation continue de l’administration fiscale, l’élargissement de l’assiette fiscale, et l’optimisation des dépenses publiques, tout en améliorant la gestion de la dette et en mobilisant davantage de financements concessionnels. »
Le chapitre spécial consacré à l’énergie au service de la croissance économique propose une évaluation du secteur de l’électricité au Burkina Faso, ainsi que des recommandations concrètes pour atteindre les objectifs de la Stratégie nationale d’électrification. Il met en lumière le rôle clé de l’énergie dans la transformation économique du pays. Selon Hamoud Abdel Wedoud Kamil, directeur pays de la Banque mondiale pour le Burkina Faso, « une électricité abordable, fiable et durable est essentielle pour améliorer la productivité agricole, soutenir la croissance des services et relancer le secteur industriel. »
Malgré les efforts consentis, l’accès à l’électricité reste limité au Burkina Faso, avec un taux bien inférieur à la moyenne régionale. Cette situation constitue un frein majeur à une croissance inclusive et réduit les opportunités économiques pour une large partie de la population, en particulier en milieu rural.
Les coauteures du chapitre sur le secteur de l’énergie, Regina Nesiama Miller et Adwoa Asantewaa, soulignent que « des réformes ambitieuses du secteur, incluant une tarification fondée sur les coûts de production et l’extension de l’accès hors réseau, sont essentielles pour réduire les vulnérabilités et garantir une croissance inclusive. »
Enfin, le rapport recommande de s’attaquer aux contraintes structurelles à la transformation économique du pays, en particulier dans le secteur de l’électricité, qui demeure marqué par l’un des coûts de production les plus élevés de la région et une forte dépendance aux carburants importés.