« Développez l’économie gazière dès maintenant ou faites face à une régression économique, avertit Ramokgopa « 

L’Afrique du Sud est confrontée à une réalité brutale : si aucune mesure urgente n’est prise pour faire face à l’imminence du “précipice gazier”, cela entraînera une régression économique, a averti le ministre de l’Électricité et de l’Énergie, Dr Kgosientsho Ramokgopa.

« Le précipice gazier n’est pas un événement lointain. Il est imminent. Mais il n’est pas inévitable. Nous avons les outils d’analyse, la mémoire institutionnelle et les plateformes public-privé pour agir. Ce dont nous avons maintenant besoin, c’est de détermination, de coordination et d’énergie », a-t-il déclaré aux parties prenantes clés de l’industrie lors du Symposium sur le gaz naturel, organisé le 7 mai à Johannesburg.

Le symposium était organisé par la Wits Business School, en partenariat avec l’Industrial Gas Users Association of Southern Africa et le Mail & Guardian.

Ramokgopa a plaidé pour que le gaz soit placé au cœur de la relance industrielle et de la résilience énergétique, en défendant un modèle de développement gazier souverain, inclusif et respectueux de l’environnement.

« L’Afrique du Sud se trouve à un carrefour décisif. Nous sortons d’une décennie marquée par l’insécurité énergétique, qui a freiné la performance économique et sapé la confiance du public. Nous entrons désormais dans une nouvelle phase, nécessitant une profonde reconfiguration de notre système énergétique, de nos institutions et de notre architecture d’investissement. »

« L’économie gazière, encore en phase de formation, est porteuse de promesses, mais aussi de contraintes, et exige des décisions urgentes. Le gaz naturel est souvent décrit comme un carburant de transition. Mais pour nous, ce n’est pas seulement un pont. C’est un pilier d’une approche diversifiée et pragmatique de la planification énergétique, notamment dans un contexte d’industrialisation, de création d’emplois et de transformation économique spatiale. »

Il a souligné comment la géopolitique du gaz naturel avait changé au cours des deux dernières années. Avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine, les marchés mondiaux du gaz ont connu une forte volatilité. Les pays européens ont dû réorganiser leurs chaînes d’approvisionnement, délaissant le gaz russe pour se tourner vers le gaz naturel liquéfié (GNL), entraînant des flambées de prix, des changements de routes d’approvisionnement et de nouveaux réalignements diplomatiques.

« Cet épisode a mis en lumière une leçon fondamentale : la sécurité énergétique, c’est la sécurité nationale. Aucun pays ne peut se permettre de confier la fiabilité, l’accessibilité et la résilience de ses systèmes énergétiques uniquement aux forces du marché ou à des fournisseurs extérieurs. »

« L’instrumentalisation du gaz à travers la manipulation des prix, les ruptures d’approvisionnement ou le levier politique n’est pas un risque théorique. C’est une réalité vécue dans le monde multipolaire actuel. »

Cela est d’autant plus pertinent pour des économies en développement comme l’Afrique du Sud, où une dépendance excessive à un fournisseur unique peut fragiliser des secteurs entiers.

Actuellement, l’Afrique du Sud importe environ 160 pétajoules par an de gaz naturel du Mozambique, soit plus de 85 % de sa consommation totale. L’entreprise Sasol, principal utilisateur domestique, en consomme 125 PJ/an, générant plus de 30 000 emplois directs et contribuant à environ 5 % du PIB.

Mais les champs gaziers de Pande et Temane devraient décliner entre 2026 et 2028. Ce précipice gazier à venir représente une menace sérieuse nécessitant une réaction coordonnée et tournée vers l’avenir.

« Le gaz n’est pas simplement une commodité. C’est un vecteur de capacité industrielle, d’intégration spatiale et de puissance économique. Partout dans le monde, les pays reconfigurent leur stratégie gazière autour de la souveraineté, de la localisation et de l’influence géopolitique. »

« Pour l’Afrique du Sud, c’est à la fois un risque et une opportunité : nous sommes exposés, dépendants d’un fournisseur unique, avec une infrastructure limitée et un petit marché domestique. Mais nous sommes aussi stratégiquement situés, relativement stables, et dotés d’un potentiel pétrolier encore peu exploré. »

Il appelle donc à une stratégie gazière de développement, intégrant production nationale, diplomatie régionale, infrastructures, financements et conception de marché, et fondée sur la valeur publique.

Historiquement, le secteur gazier sud-africain était dominé par des opérations intégrées verticalement, notamment Sasol, actif en amont, milieu et aval. Mais ce modèle est en pleine transformation.

Le régulateur Nersa a récemment adopté des règles d’accès pour les tiers afin d’ouvrir les infrastructures de transport aux négociants indépendants et de favoriser un marché de gros plus compétitif. Transnet Pipelines est en train d’être repositionné pour soutenir cet environnement à accès ouvert.

Ramokgopa évoque aussi la possibilité de créer un agrégateur national de gaz ou une plateforme de négoce, capable de sécuriser l’approvisionnement à long terme et de faciliter l’accès des petits acteurs au marché.

À court terme, le gaz à destination de la production électrique représente le levier principal. Pour rendre viable un terminal d’importation de GNL, il faudrait un minimum de 175 à 200 PJ/an, alors que la demande actuelle hors Sasol ne dépasse pas 60 PJ/an.

« Le rôle du gouvernement est donc d’agréger la demande, d’offrir une garantie d’écoulement et d’assurer l’harmonisation réglementaire. »

Des nœuds stratégiques comme Richards Bay, Coega ou le Triangle du Vaal sont tout indiqués pour accueillir des infrastructures gaz-électricité, en raison de leur proximité avec les industries, les ports et le réseau électrique.

« Le gaz ne concerne pas seulement des molécules – il permet de soutenir la capacité productive. Dans le cadre de la transition énergétique juste, le Mpumalanga pourrait passer du charbon à une base industrielle diversifiée appuyée par le gaz. »

Il souligne que des politiques industrielles cohérentes doivent accompagner le déploiement des infrastructures gazières, notamment autour de zones économiques spéciales, bassins agro-industriels et clusters de valorisation minière.

Sur le plan régional, il appelle à une intégration énergétique renforcée au sein de la SADC, avec des projets de prolongement des gazoducs depuis le Mozambique, d’intégration avec les découvertes de gaz en Namibie et la création de hubs régionaux de stockage de GNL.

L’Afrique du Sud, qui présidera le G20 en 2025, pourra profiter de cette tribune pour plaider en faveur d’un cadre diplomatique énergétique équitable pour l’Afrique, y compris un meilleur accès aux financements d’infrastructure et aux carburants de transition.

« Les infrastructures gazières sont coûteuses, à long retour sur investissement, avec des risques élevés. Le secteur public a donc un rôle crucial à jouer pour réduire les risques pour les investisseurs privés. »

Il cite comme solutions le financement mixte via la DBSA, la BAD et les mécanismes climatiques multilatéraux. Il mentionne aussi des modèles comme les contrats take-or-pay, les garanties de volumes ou les réserves stratégiques.

« Nous devons tirer les leçons du succès du programme REIPPP pour concevoir un programme de production électrique indépendante au gaz avec des règles claires, une conformité environnementale et des obligations envers les communautés. »

Si le GNL représente une solution à court et moyen terme, l’objectif de long terme est d’exploiter les ressources gazières nationales. Les perspectives onshore au Free State et au Mpumalanga, ainsi que les découvertes offshore de Brulpadda et Luiperd (bloc 11B/12B, bassin d’Outeniqua) sont prometteuses : Brulpadda contiendrait 1,3 trillion de pieds cubes de gaz, et Luiperd environ 1,2 trillion.

Mais il met en garde : les délais d’exploration sont longs, entre 8 et 10 ans entre la découverte et la première production. Il faut donc un régime fiscal clair, des licences simplifiées et une fiscalité prévisible.

Enfin, Ramokgopa appelle à ce que l’Afrique du Sud devienne non seulement consommatrice, mais aussi actrice technologique, en investissant dans la recherche, la formation et la coopération universitaire.

« À l’avenir, le gaz évoluera. Des technologies émergentes comme l’hydrogène bleu, le méthane synthétique et le captage-stockage du carbone vont redéfinir la chaîne de valeur. »

Source : ENGINEERING NEWS

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