Zéro droits de douane : une réelle opportunité de transformation ? La nouvelle politique commerciale de la Chine et l’avenir énergétique de l’Afrique

La politique chinoise élargie de zéro droits de douane offre de nouvelles opportunités d’exportation pour l’Afrique. Mais sans investissements parallèles dans les infrastructures énergétiques et industrielles, le continent risque de manquer l’occasion de mener une véritable transformation économique – un enjeu central de la Semaine africaine de l’énergie 2025 : Investir dans les énergies africaines.

La politique de libre accès aux marchés chinois pour les marchandises africaines s’est rapidement développée ces dernières années : 53 pays du continent sont désormais éligibles à l’exportation de leurs produits taxables vers la Chine sans droits de douane. Présentée comme un outil de renforcement de la coopération sino-africaine et de prospérité partagée, cette politique attire l’attention par son potentiel à ouvrir l’accès à l’un des plus grands marchés de consommation au monde.

Mais à l’heure où l’Afrique cherche à sécuriser un développement durable et une transformation industrielle de long terme, une question centrale émerge : ces préférences commerciales seront-elles un catalyseur pour l’évolution économique du continent ou ne feront-elles que renforcer son rôle de fournisseur de matières premières à faible valeur ajoutée ?

L’Eswatini – l’un des rares pays africains entretenant encore des relations diplomatiques avec Taïwan – a été exclu des allègements tarifaires, soulignant que l’accès au marché chinois reste conditionnel. Ces incitations fiscales apparaissent également comme une riposte aux tarifs douaniers américains instaurés sous l’administration Trump, plaçant l’Afrique au cœur de la guerre commerciale sino-américaine.


Semaine africaine de l’énergie 2025 : un moment de vérité

Alors que la Semaine africaine de l’énergie (AEW) 2025 : Investir dans les énergies africaines se prépare à se tenir à Cape Town du 29 septembre au 3 octobre, la grande question est de savoir si ces politiques commerciales en expansion peuvent réellement générer des bénéfices concrets et durables. L’avenir du développement et de l’accès à l’énergie en Afrique dépendra non seulement de la croissance des échanges, mais aussi de la manière dont ces politiques se traduiront en investissements dans les infrastructures, l’énergie et la croissance industrielle.


Les promesses et les limites de l’accès en franchise de droits

Sur le papier, l’accès zéro droit de douane représente une opportunité bienvenue. Pour les pays africains cherchant à diversifier leurs débouchés et à accroître leurs échanges agricoles, miniers et énergétiques, cette initiative offre un avantage compétitif susceptible d’augmenter les volumes exportés. Pour les producteurs de pétrole et de gaz, elle pourrait ouvrir la voie à l’exportation de produits raffinés, de pétrochimiques ou d’engrais — à condition de disposer des capacités de transformation nécessaires.

Et c’est bien là le défi : la majorité des pays africains manquent d’infrastructures industrielles et énergétiques pour tirer pleinement parti de telles préférences. Nombre d’exportations restent limitées à des matières premières ou semi-transformées, avec peu de valeur ajoutée locale. Le libre accès au marché ne change pas cette réalité si les obstacles non tarifaires, la faiblesse de l’approvisionnement en énergie ou l’inefficacité des infrastructures logistiques persistent.


L’énergie, levier central d’une transformation intégrée

L’Afrique doit convertir ses ressources naturelles en produits industriels, ce qui nécessite des investissements dans l’exploration, la logistique intermédiaire et la transformation finale. Qu’il s’agisse de construire des pipelines, des infrastructures GNL, d’électrifier les zones industrielles, ou de développer des usines d’engrais et de plastiques, les systèmes énergétiques du continent doivent évoluer pour soutenir ses ambitions commerciales.

Sécurité énergétique, industrialisation et accès aux marchés ne doivent pas être abordés séparément, mais comme des leviers interconnectés pour la prospérité à long terme.


Vers une croissance énergétique et industrielle intégrée

Plusieurs pays africains sont déjà en mouvement. Le Nigeria avance dans sa stratégie de valorisation du gaz, le Mozambique développe ses capacités GNL, tandis que le Sénégal et la Mauritanie émergent comme des hubs gaziers régionaux. Ces projets génèrent des revenus d’exportation tout en jetant les bases d’une diversification économique, depuis les industries pétrochimiques jusqu’à la production électrique pour les usines locales.

En parallèle, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre un cadre pour harmoniser les normes, réduire les tarifs internes et construire des infrastructures communes (pipelines, ports, raffineries). Combinée à des initiatives comme la politique zéro droit de douane de la Chine, cette approche pourrait permettre aux pays africains d’intégrer leurs chaînes de valeur et de passer de marchés fragmentés à des écosystèmes de production unifiés.


Des risques à anticiper

Cependant, des risques subsistent. Les échanges commerciaux avec la Chine restent fortement déséquilibrés, les importations manufacturées chinoises concurrençant souvent les industries locales. Sans soutien ciblé au développement industriel, au transfert de technologie et au contenu local, les préférences tarifaires risquent de pérenniser le statut de fournisseur de base de l’Afrique, au lieu de le transformer.

Les gouvernements africains doivent donc concevoir des politiques commerciales et énergétiques visant à ancrer les bénéfices sur le continent, et non à les voir partir à l’étranger.

« C’est la véritable promesse de l’AEW 2025. Alors que les dirigeants, investisseurs et institutions se réuniront à Cape Town, la conférence ne servira pas uniquement à conclure des accords, mais posera aussi les questions fondamentales sur la manière dont l’Afrique peut reprendre la main dans ses partenariats internationaux », affirme NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie.


AEW : Investir dans les énergies africaines est la plateforme de référence pour les opérateurs de projets, les investisseurs, les fournisseurs de technologies et les gouvernements, et s’impose comme le lieu officiel de signature des accords dans le secteur de l’énergie en Afrique.
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