Après l’AES, la fièvre du nationalisme des ressources gagne l’Afrique australe

La tendance à vouloir renforcer le contrôle national sur les richesses minières, déjà observée au Sahel (Alliance des États du Sahel – AES), s’étend désormais à l’Afrique australe. Cette région abrite plusieurs géants miniers africains, notamment le Zimbabwe (premier producteur de lithium), le Botswana (premier producteur de diamants) et la Zambie (deuxième producteur de cuivre). Cependant, la part des entreprises locales dans ce secteur reste marginale.

Le Botswana impose une participation locale

Le 10 octobre, le Botswana, un pays clé dans l’industrie diamantifère, a annoncé une nouvelle réglementation en vigueur depuis le 1er octobre. Cette mesure contraint désormais les sociétés minières à céder 24 % des parts de leurs permis à des investisseurs nationaux. L’objectif est clair : accroître la participation et le contenu local dans une industrie fortement dominée par les multinationales.

Cette décision intervient alors que le gouvernement de Gaborone cherche déjà à renforcer son emprise sur l’exploitation des diamants. Le Botswana détient déjà 15 % des parts de De Beers. Il est de plus un acteur incontournable dans les discussions concernant la vente par Anglo American de sa participation de 85 % dans le groupe, une entité estimée à 5 milliards de dollars et qui tire près de 70 % de sa production du territoire botswanais.

La Zambie privilégie les fournisseurs nationaux

Dans le même esprit de souveraineté économique, la Zambie, deuxième producteur de cuivre du continent, a mis en place un nouvel instrument législatif, le Local Content Statutory Instrument. Ce texte impose aux entreprises minières de réserver 40 % de leurs achats à des entreprises zambiennes, y compris fournisseurs et sous-traitants, selon des médias comme le Zambia Monitor.

Bien que les données exactes sur la participation des fournisseurs locaux soient limitées, les indicateurs suggèrent une très faible contribution actuelle. Par exemple, le parlementaire Brian Mundubile a rappelé fin septembre 2025 que les Zambiens ne représentent qu’environ 5 % d’une chaîne de valeur pesant plusieurs milliards de dollars chaque année. Un rapport de la Banque africaine de développement (BAD) datant de 2022 révélait par ailleurs que seulement 13 % des achats miniers étaient réalisés auprès d’entreprises zambiennes ou dirigées par des résidents. La BAD précisait que la majorité des biens étiquetés « locaux » sont en réalité des importations faites par des filiales étrangères enregistrées en Zambie.

Zimbabwe : une participation étatique obligatoire

Le Zimbabwe, gros producteur de lithium et riche en métaux du groupe du platine, manifeste également sa volonté de capter une plus grande part de sa richesse minérale. Le pays prévoit d’imposer à l’État une participation gratuite de 26 % dans tout nouveau projet minier. Cette annonce, faite en décembre 2024 par le secrétaire d’État aux Mines Pfungwa Kunaka, fait partie d’une stratégie plus large visant à relancer la Local Content Strategy adoptée en 2019, qui visait à porter la part du contenu local de 25 % à 80 % dans les chaînes de valeur prioritaires d’ici 2023.

Les défis de l’implémentation

Ces politiques, destinées à accroître la souveraineté minière en Afrique australe, ne sont toutefois pas exemptes de défis. Dr Ahamadou Mohamed Maïga, spécialiste ouest-africain des industries extractives, estime que l’enjeu ne se limite pas à fixer des quotas ou des participations. Il insiste sur la nécessité de créer un écosystème compétitif local permettant aux entreprises nationales de s’établir comme des partenaires fiables pour les grandes compagnies minières.

Selon cet expert, cela implique concrètement de mettre en place des mécanismes de financement adaptés pour que les entrepreneurs locaux puissent mobiliser les capitaux nécessaires à l’exécution de contrats miniers. Il est également essentiel de renforcer les capacités techniques et managériales des prestataires nationaux, via des formations ciblées et des collaborations avec les établissements d’enseignement supérieur et les centres spécialisés.

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